“H#1 | 2 | 3 | 4” écrit pour l’Ensemble Hopper, est un voyage extatique au travers des vagues submergeantes, puissantes, quelque peu psychédéliques, de sons qui fleurissent à l’infini et de textures qui s’élèvent de manière obsessionnelle.
Pierre Slinckx (1988-) : h#1|2|3|4. Ensemble Hopper. 38’31 – 2022 – Livret en : anglais. Cypres Records. CYP8619.
Cette fascinante nouvelle pièce en quatre mouvements (enregistrée à Arsonic) prend naissance dans un contexte lourd (l’existence se fait biscornue dans un environnement aux changements brutaux et erratiques) que Slinckx ambitionne d’aérer de touches sensibles, dessinées par un travail d’artisan-modeleur qui privilégie la collecte d’idées (toujours musicales, parfois très techniques) mûrement dépliées, comme autant de gestes posés, fondations graduelles d’un corpus spécifique, d’une esthétique personnelle. La première de l’œuvre au Rosas’ headquarters en juin est acclamée par un public de la génération du compositeur, mûr pour une musique qui crée, entame les frontières, se sert dans l’histoire (lui paie sa dîme ?), avale les codes d’univers divers (l’ambient, le minimalisme, le post-rock, le metal, le psychédélisme), intègre le geste (de l’instrumentiste, de cette machine qui déploie la synthèse, sonore) et tente, comme tout être vivant, de s’assoupir chaque jour sans mourir pour rouvrir l’œil sur un lendemain, celui de l’avenir, de l’aube qui vient, celle qui nous réinvente avec grâce et substance.
Son : 8 – Livret : 3 – Répertoire : 9 – Interprétation : 9
Bernard Vincken